Bien que Poutine et Trump partagent un intérêt tactique pour la coopération, la Russie reste un adversaire stratégique pour l’État impérial américain, et la Russie le sait, c’est pourquoi la vraie paix reste hors de portée.
Par Thomas Fazi − Le 20 août 2025 − Source Blog de l ‘auteur
Commençons par les bonnes nouvelles. La réunion d’Anchorage, en Alaska, a officiellement rétabli un dialogue direct entre les deux plus grandes puissances militaires et nucléaires du monde. Il s’agissait de la première rencontre en face à face entre un président américain et russe depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et de la première rencontre de ce type sur le sol américain en près de deux décennies, marquant un tournant dans les relations américano-russes qui, depuis 2022, avait atteint des niveaux d’hostilité jamais vus depuis la Guerre froide. C’est évidemment une bonne nouvelle pour quiconque souhaite éviter une guerre thermonucléaire.
Pourtant, un règlement politique global de la guerre en Ukraine reste insaisissable. Non seulement parce que l’Europe et Zelensky restent opposés à tout accord aux conditions russes ; les seules conditions possibles, étant donné que la Russie est en train de gagner la guerre. Mais plus fondamentalement, car parvenir à une paix durable, c’est bien plus que simplement reconnaître le contrôle de la Russie sur la Crimée et les quatre oblasts annexés, il s’agit de s’attaquer aux “racines primaires du conflit”, comme l’a répété Poutine à Anchorage : que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’OTAN, que l’Occident ne la transformera pas en un avant-poste militaire de facto à la frontière de la Russie et qu’un “équilibre de sécurité générale en Europe” soit rétabli. Cela équivaut effectivement à une reconfiguration globale de l’ordre de sécurité mondial ; une reconfiguration qui réduirait le rôle de l’OTAN, mettrait fin à la suprématie américaine et reconnaîtrait un monde multipolaire dans lequel d’autres puissances peuvent s’élever sans ingérence occidentale.
C’est quelque chose que Trump – et plus fondamentalement l’establishment impérial américain, qui fonctionne en grande partie indépendamment de celui qui occupe la Maison Blanche – ne peut concéder. Comme je l’ai écrit dans un autre article :
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